Bulletin n° 47 – mars 2014
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Association ‘’Anciens Aérodromes’’
anciens-aerodromes.com
Site Eolys - Aérodrome de Merville -Calonne LFQT
On n'y découvrit rien de suspect ; seulement un sac de voyage avec du linge de rechange. von
Wall déclara qu'étant parti vers 5h30 de Darmstadt avec mission de gagner les hangars de Frescaty,
il n'avait pas tardé à perdre de vue trois autres aéroplanes et un Zeppelin quittant Darmstadt pour la
même destination. Le brouillard se levait et il dut se diriger à la boussole, comptant longer la
frontière. Mais il se rendit compte que son appareil déviait vers l'ouest et, ne voulant pas atterrir en
France, il songea à se rapprocher du sol après s'être maintenu le plus longtemps possible en l'air en
attendant le moment favorable pour repérer sa route. L’essence était en effet presque
complètement épuisée. Aussi, à la faveur d'une éclaircie dans la brume, ayant aperçu une prairie
formant un terrain favorable, les deux aviateurs avaient coupé l'allumage.
Ces explications furent répétées à MM. Lacombe, sous-préfet de Lunéville, Tavernier, capitaine de
gendarmerie de l'arrondissement, et Grollemann, commissaire, spécial de Moncel-sur-Seille qui,
prévenus, par téléphone, s'étaient de suite rendus à Arracourt. En attendant leur arrivée, les
aviateurs allemands avaient été autorisés à gagner à tour de rôle le village pour s'y restaurer à
l'auberge Simonin. Ils avaient également immédiatement demandé l'autorisation de prévenir le
centre d'aviation de Metz pour que l'on envoie du personnel à leur secours, ce qui leur avait été
accordé.
Tandis que le pilote parle au sous-préfet, son
équipier, l’Oblt von Mirbach, lit un petit
carnet. (Coll. Jean-Louis Roba)
Vers 10H30, des officiers aviateurs de l'escadrille de Villers-les-Nancy arrivèrent en automobile et
examinèrent en détail l'appareil. Les officiers allemands les saluèrent courtoisement et ce fut de la
même façon que les officiers prirent congé quand les Français repartirent pour Nancy. Pendant ce
temps-là, les autorités françaises avaient pris toutes les mesures pour empêcher tout éventuel
incident. Des chasseurs à pied et à cheval en manœuvres dans ces parages demeurèrent à
proximité du lieu d'atterrissage du biplan. Il n'y avait guère que quatre cents curieux venus de
Nancy, Lunéville ou des villes voisines, le reste de la foule ne comprenant que des cultivateurs des
environs.
Les aviateurs allemands déjeunèrent paisiblement à une table dressée près de leur appareil. L'après-
midi se passa en attente des instructions du Ministère de l'Intérieur. A 16h00, le capitaine de
Loubignac, chef du centre d'aviation de Nancy, revint en automobile et s'entretint avec von Wall.
A 17h15, M. Lacombe déclarera aux officiers allemands : «
Messieurs, le gouvernement français vous
autorise à quitter le territoire par la voie des airs avec votre aéroplane, qui, je vous le fais remarquer,
est intact
». La question du payement des droits de douane ne se posait pas ici puisque
l’atterrissage avait eu lieu hors de la zone douanière.
Le capitaine remercia le sous-préfet de son amabilité et lui témoigna toute sa reconnaissance de sa
protection et de son amabilité. Les deux aviateurs revêtirent alors leur ‘combinaison’ et l'hélice fut
lancée par un mécanicien venu de Lunéville. L'appareil roula sur une trentaine de mètres puis prit
son envol dans la direction de Metz devant une foule considérable. Une cinquantaine
d’automobiles stationnait sur la route.
A 17h45, les derniers groupes de curieux se dispersèrent. Dans la soirée un télégramme de Metz
annonça que le biplan militaire allemand, venant d'Arracourt, avait atterri à 19h00 au parc
d'aviation de Frescaty. Les officiers avaient exprimé leur vive satisfaction de l'accueil reçu en
France.