Association ‘’Anciens Aérodromes’’
Site Eolys- Aérodrome de Merville-Calonne LFQT
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Mémoire d'aérodrome
Des aérodromes français dans la guerre d’Espagne
Alain Graton
Quelques élèves de Meaux-Esbly rendant visite à leurs compatriotes de Boissy-le-Châtel en 1937.
(Coll. Clemente ROS)
La guerre d’Espagne, également connue sous le nom de guerre civile espagnole, éclate en juillet 1936 par un coup
d’Etat conduit par une partie de l’armée contre le gouvernement de la République légitimement élu à cette époque.
Elle se terminera en mars 1939, lorsque les troupes de Franco feront leur entrée dans Madrid.
Lors du déclenchement des hostilités, l’Espagne dispose d’environ 300 avions militaires dont un tiers passe
immédiatement aux mains des Nationalistes. Les appareils des deux camps sont alors pour la plupart vétustes tels
les Breguet XIX ou les Nieuport-Delage NiD-52. L’équilibre des forces aériennes s’affrontant va cependant bien
vite être modifiée grâce à l’aide allemande et italienne apportée à Franco. Pour contrer les attaques successives
des Messerchmitt Bf 109 de la Légion Condor ou des Fiat CR-32 de l’Aviation légionnaire envoyée par Rome, les
pilotes Républicains vont quant à eux disposer d’avions livrés par l’URSS. Les appareils de chasse soviétiques
sont des Polikarpov I-15 (Chato), biplans, et I-16 (Mosca), monoplans très modernes pour l’époque. On compte
ainsi environ 310 Chato et 160 Mosca vendus par l’URSS à l’Espagne Républicaine.
Dès le début de la guerre, le camp Républicain dispose donc lui aussi d’avions aptes à défendre sa cause. Si le
problème de l’apport en matériel est en grande partie réglé, il lui reste toutefois un autre problème majeur à
résoudre : celui de former un nombre suffisant de pilotes capables d’en prendre les commandes. Pour cela il y a
des aérodromes en Espagne. Il y en a bien sûr également dans les plaines de l’URSS qui vient de fournir des
avions. Il y en aura aussi quelques-uns en France, mais ces derniers tomberont hélas souvent dans l’oubli…
Malgré sa décision officielle de non intervention, la France ne peut rester totalement étrangère à cette guerre qui
se déroule à ses frontières. En réponse aux nombreuses violations des accords « non-interventionnistes » signés
avec l’Allemagne et l’Italie en août 1936, Léon Blum décide de pratiquer une politique de non-intervention dite
« élastique » ou « relâchée ». A cette époque, Pierre Cot est ministre de l’Air et Jean Moulin, chef de cabinet au
sein du même ministère.
Dès la fin de l’année 1936, de manière bien officieuse, plusieurs écoles de formation vont alors voir le jour sur le
territoire de la métropole. Il ne peut bien sûr être question d’une formation de type militaire. Aux yeux de tous, sauf
sans doute à ceux de l’Action Française, ces jeunes espagnols qui débarquent en France ne sont que de simples
touristes qui viennent apprendre l’art du pilotage dans notre pays. D’ailleurs, les braves Potez 60 qui sont mis à
leur disposition et qui n’ont rien de véritablement belliqueux sont là pour le prouver.