Magazine 2A Anciens Aérodromes - page 259

Association ‘’Anciens Aérodromes’’
Site Eolys- Aérodrome de Merville-Calonne LFQT
Rue de l’Epinette, 62136 LESTREM-France
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retrouvé là-bas un cousin, André Minot. Mon
supérieur était le lieutenant Gady, que j’ai retrouvé
lors de l’affaire de Maastricht.
A deux doigts d’être pilote
Arrivèrent les accords de Munich
(septembre 1938) censés nous épargner la guerre.
Nous avions encore des Mureaux 115 (I/54) et des
Potez 540 (II/54), des machines bien vieilles pour
aller se battre et qui ne faisaient plus que des vols
d’entraînement. De toutes façons, il n’y avait pas
encore de Bréguet d’assaut, parce que la version
691 à moteurs Hispano-Suiza était une catastrophe.
On attendait les 693 à moteurs Gnome & Rhône,
plus puissants et plus fiables, et surtout le 695 avec
des Pratt & Whitney tournant dans le même sens.
J’appris bientôt que les hommes du rang
volontaires pouvaient postuler pour l’École de l’Air,
afin de pallier le manque de navigants. Les Anglais
s’y étaient pris plus tôt et étaient bien en avance en
matière de recrutement. Admis en fonction de mes
quelques diplômes, j’arrivai donc à Salon-de-
Provence, dans une école toute neuve, pour une
formation accélérée, de quelques mois seulement.
Nous volions entre autres sur des Morane
230, dont le moniteur n’hésitait pas à couper le
moteur avant l’atterrissage, histoire de nous faire
arriver en planant, hélice calée devant les
béconnards ! C’est ainsi que tout le monde
désignait familièrement les hangars Bessoneau. J’ai
aussi volé sur des North American 57 à train fixe,
un avion qui faisait un peu peur par sa puissance.
J’aimais mieux piloter les Morane Parasols, avec la
tête à l’air. De toutes façons, je dois reconnaître
que je n’étais pas fortiche en pilotage.
Il faut que je vous raconte que, là-bas, j’ai passé
une semaine en prison avec Charles Trenet !
A cause d’un retour en retard d’une virée à
Marseille, je me trouvais aux arrêts chaque
soir après les cours et la garde sur la tour à
parachutes de Salon, lorsque je vis arriver
dans ma cellule l’un de mes camarades
mobilisés, le déjà célèbre Fou Chantant :
Charles Trenet. Possesseur d’un roadster
Renault ivoire à garniture de cuir vert, il
n’avait rien trouvé de mieux, un soir, que de
rouler sur les parterres fleuris de la cour
d’honneur de l’École de l’Air ; sa notoriété
ne l’avait pas empêché de prendre huit
jours de prison !
Il se révéla un type délicieux, vivant pour la
musique. Il composa cette semaine-là une
chanson dont le héros tourné en dérision
était l’adjudant Grisoni, notre sous-officier
de discipline.
Je devais revoir Trenet juste après la
guerre, lors d’un passage à l’Olympia où il
se produisait et où j’étais venu avec un
copain. Il dédicaçait ses disques à
l’entracte, ce qui me permit de lui glisser à
l’oreille le nom de l’adjudant Grisoni. Me
reconnaissant d’un coup, il éclata de rire et
nous invita à le retrouver au bar de
l’Olympia après le spectacle. C’est ce que
je fis, et pour la première et dernière fois de
ma vie, je passai une nuit presque entière à
plaisanter avec lui, les Compagnons de la
Chanson au complet, et Édith Piaf bien
éméchée, par-dessus le marché !
Sur 400 élèves, les 100 premiers
continuaient une formation de pilotes. Après ces 5
mois de formation accélérée, venant à la 168
ème
place, je crois, je pouvais devenir navigant :
bombardier, observateur, photographe, etc. Je ne
fus pas renvoyé à mon unité, mais au II/54 du
commandant Grenet, avec une qualification de
mitrailleur. C’est au 2
ème
Groupe, 1
ère
Escadrille,
qu’était affecté mon futur grand ami Roger
Normand.
Le conflit éclata dans l’intervalle. Nous
sommes donc partis en guerre avec nos Mureaux
115 à ailes métalliques de grande envergure,
stationnant à Péronne, Toul, Montbard. Nos
commandants furent Bernard, puis Berge.
La 54
ème
Escadre, (puis, en mars 40, le
Groupe de Bombardement d’Assaut n°18 après
regroupement avec la 51
ème
Escadre et le GB II/35)
était commandée par le colonel Pierre Demery, aux
ordres du général Girier, commandant la 6
ème
Brigade Aérienne. (NDA : Le 7 juin 40, Girier qui
occupait le siège mitrailleur du Bréguet 695 numéro
3 piloté par l’adjudant-chef Walser a été gravement
blessé aux jambes dans un N
ème
accident
d’atterrissage à Chartres, pendant un vol
d’entraînement. Le pilote s’est tué.)
Entraînement au vol rasant
C’était une technique toute nouvelle, mise
au point par le lieutenant Delattre, un champion
(mais pénible en matière de discipline !). Le II/54
est arrivé le 13 décembre 1939 à Vinon-sur-Verdon
avec nos Mureaux 115 et Potez 540. Avec mon ami
Cochon, dans un Potez 540, j’ai vu le village au
bord de la rivière, bien plus petit que ce que l’on voit
maintenant. Les avions ont vite été remplacés par
des Potez 63 (NDA : en fait, des Potez 633 des
commandes grecque, roumaine et chinoise,
réquisitionnés par la France).
Cet hiver-là a été très rigoureux. Les
officiers logeaient en hôtel à Manosque. On les
rencontrait au ball-trap. Étant maintenant sous-
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