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passagers sont, quant à eux, conduits à Calais et non à Dunkerque. Tout se complique quand
les autorités civiles françaises s’aperçoivent que Loewenstein est de nationalité belge, volant
dans un appareil hollandais enregistré en Grande-Bretagne qui s’est posé en France, certes,
mais disparu en-dehors des eaux territoriales (de l’époque, bien sûr) : en fait, ils ne se
considèrent pas concernés ! Etant donné que le corps de Loewenstein s’est évanoui dans la
Manche dans des circonstances dramatiques, la presse mondiale se jette sur l’affaire : voulait-
il échapper à ses créditeurs et il n’est jamais monté dans cet avion, c’est un montage.
D’ailleurs ne l’a-t-on pas aperçu sur un ferry trans-Manche ? Un pêcheur l’a aperçu en
parachute au-dessus d’un yacht… Les plus folles hypothèses sont émises !
Situation
des lieux, carte Michelin de 1939 (RD)
L’accident est difficile à accepter : le passage vers les toilettes au moment où la porte d’accès
de l’appareil sort de ses gonds… vertige et appel du vide ? Le suicide est une piste : échapper
à l’emprise des créditeurs. Mais sans qu’aucune des personnes de la cabine s’en aperçoive est
peu vraisemblable. La porte fermant le local des toilettes laisse le vestibule ouvert aux regards
de tous. Ensuite, Loewenstein doit ouvrir la porte d’accès, la pousser et se glisser dans
l’interstice. Cette porte s’ouvre de gauche à droite et est prise par le flux d’air de la vitesse et
de l’hélice bâbord. Reste l’hypothèse du meurtre. L’épouse de Loewenstein, Madeleine,
apprend la nouvelle à Bruxelles dans son hôtel de maître de la rue de la Science, réagit dans le
plus grand calme et part pour Saint-Inglevert afin d’inspecter le Fokker. Elle y récupère le col
et la cravate de son mari sous la bassine des toilettes mais pas sa veste ni le livre qu’il lisait.
Etrange… Elle donne à Drew l’ordre de vendre l’appareil. Le lendemain 5 juillet, les deux
aviateurs convoient l’avion à Croydon – profitant du vol pour vérifier l’ouverture de la porte
d’entrée, à peine possible de glisser deux doigts – où il doit passer une investigation du
Ministère de l’Air britannique.
Ce qui est postposé car Madeleine ordonne alors aux pilotes d’aller prendre un bateau loué à
Douvres pour entreprendre des recherches sur la zone probable de la chute en Manche. Entre-
temps, la porte est encore examinée et on découvre quelques traces insignifiantes dans le bois
extérieur à la porte. Deux mécaniciens testent, le 6 juillet, l’ouverture de la porte en vol et
confirment l’impossibilité à un seul homme d’y arriver. Retour de Drew et Little à Londres où
le premier déclare à la presse qu’il est impossible d’ouvrir la porte en vol. Puis, ils doivent
retourner à Bruxelles le 9 pour une enquête officielle concernant le certificat de décès. Là, nos
pilotes changent d’avis et soutiennent que d’après leur expérience la porte peut s’ouvrir
facilement en vol. Le certificat de décès n’est pas délivré.