Magazine 2A Anciens Aérodromes - page 607

Association ‘’Anciens Aérodromes’’
Site Eolys- Aérodrome de Merville-Calonne LFQT
Rue de l’Epinette, 62136 LESTREM-France
6
Fait d’armes
Le premier bombardement de Paris
30 août 1914
Dans notre magazine n°35 de janvier dernier nous av ions évoqué dans un article de Pierre-Alain Antoine,
l’audacieux survol de Paris le 12 juin 1942 par un avion de la RAF. En fait ce genre d’attaque de propagande
(souvent ratée) rappelle les survols de Bruxelles en 1943 par de Sélys-Longchamp puis, en 1944, par deux pilotes
belges du N° 350 Squadron, actions risquées qui n’e urent aucun impact réel même si elles furent montées en
épingle après-guerre. L’équipage du Beaufighter de juin 1942 avait certes fait un beau vol mais ce raid semble être
la copie conforme du premier bombardement de Paris en 1914. Voici cette autre histoire :
Alors que les troupes allemandes semblaient lancées dans leur irrésistible offensive vers le sud, fin août 1914 des
avions Rumpler ‘Taube’ du Feldflieger-Abteilung 11 viennent se poser sur un champ d’aviation improvisé près de
Saint-Quentin. Parmi les pilotes, le Leutnant (sous-lieutenant) Ferdinand von Hildessen que l’on peut taxer de
‘pionnier de l’aviation militaire allemande’. Né à Minden le 17 décembre 1887, rejeton d’une vieille famille
prussienne, il s’était engagé vers ses vingt ans dans un régiment de dragons avant d’apprendre à piloter. Il obtient
le brevet allemand N° 47 le 31 décembre 1910 et mul tiplie alors les compétitions où il se distingue à plusieurs
reprises. Cet aviateur passionné avait également pris part à deux ‘salons aéronautiques’ parisiens et possédait dès
lors une connaissance assez précise de la topographie de la capitale française. Bien que l’on ait dit qu’il ‘obéit à un
ordre supérieur’, on peut penser que ce fut en réalité von Hildessen lui-même qui fut le concepteur de ce raid très
audacieux.
Une carte publiée en 1914 pour
célébrer le premier raid sur Paris
(Coll. Jean-Louis Roba)
Le Lt Ferdinand von Hildessen
(Coll Jean-Louis Roba)
Le matin du dimanche 30 août 1914, le jeune officier décolle avec son observateur vers 11h00, profitant d’une
éclaircie sur le secteur. Environ une heure et demie plus tard, le monoplan survole les faubourgs de Paris. La ville
s’étale sans défense sous ses ailes. Le but de la mission est, officiellement, de procéder à des repérages de
troupes. Mais, en fait, ce sera une des premières opérations psychologiques de la guerre moderne. Selon un récit
laissé par le sous-lieutenant : « Pour éviter des pertes parmi la population civile, nous avions reçu l'ordre
d'emporter les plus petites bombes, d'environ deux kilos. Elles n'avaient presque pas d'efficacité mais faisaient
énormément de bruit. (…) La population était nombreuse dans les grandes rues et sur les places par ce beau jour
d'un été tardif. Il n'y avait aucune panique, les habitants paraissaient tranquilles et regardaient en l'air. Après avoir
survolé la ville pendant environ une demi-heure, mon observateur me rappela nos ordres. Il me désigna une région
où les rues étaient étroites, les places petites, et où il y avait peu de monde. C'est à cet endroit qu'il lança, à de
courts intervalles, les bombes et tracts par dessus bord. C'était une impression pénible d'autant plus que nous
n'avions remarqué aucune bataille ni aucune défense ».
1...,597,598,599,600,601,602,603,604,605,606 608,609,610,611,612,613,614,615,616,617,...906
Powered by FlippingBook