Magazine 2A Anciens Aérodromes - page 891

Bulletin n° 48 – avril 2014
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Association ‘’Anciens Aérodromes’’
anciens-aerodromes.com
Site Eolys - Aérodrome de Merville -Calonne LFQT
Au pied des autorités civiles et militaires, l’hélice brisée
(Coll. Jean-Louis Roba)
Quelques spectateurs parlant allemand peuvent s’entretenir avec l’aviateur et apprendre que
l’équipage était composé des Oblt Fritz Prestein, du 42
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régiment d'infanterie allemand, en garnison
à Mulhouse (pilote) et Hans Gerner (observateur) du 3
e
d'artillerie de Metz, ayant été tous deux
détachés au centre d’aviation de Metz pour parfaire leur écolage. Les gendarmes de Lunéville,
mandés par téléphone, accoururent bientôt, ainsi que des officiers de la garnison, avec à leur tête
le général Varin, commandant d'armes. La ‘prise’ étant d’importance, M. Minier, sous-préfet, et
Jouatte, secrétaire de la sous-préfecture, arrivent de même sur les lieux. Grâce à l'entremise d'un
officier d'état-major, le lieutenant Coubé servant d'interprète, les deux hommes expliquèrent qu’ils
étaient partis à 11h30 (heure allemande) de Strasbourg pour gagner Metz. Ils pensaient, après avoir
franchi les Vosges, se guider sur la ligne de chemin de fer Avricourt-Benestroff-Remilly-Metz pour
regagner Frescaty mais, quand ils survolèrent Avricourt, le brouillard et le vent du sud les gênèrent. Ils
dévièrent, sans s'en rendre compte et continuèrent au-dessus de la ligne Avricourt-Lunéville-Nancy.
Quand ils s'aperçurent de leur erreur, ils voulurent atterrir. L'avion était un biplan Albatros biplace
muni d'un moteur de six cylindres à double allumage. Chaque pièce de l'appareil portait sur une
plaque l'inscription : «
Albatros Werke Militärfflugzeug B. 7. A/18 Berlin Johannisthal
».
Les autorités militaires constatant que les aviateurs étaient de bonne foi et n’ayant rien trouvé de
suspect dans l’appareil, informèrent le préfet de Meurthe-et-Moselle, le commandant du corps
d'armée et le commissaire spécial d'Avricourt de l'atterrissage et des déclarations des officiers. La
réponse fut de les laisser partir. A leur demande, un télégramme rédigé par eux fut envoyé par les
autorités françaises au centre d'aviation de Metz, pour informer le commandant de la station de
l'incident.
Les deux officiers allaient déjeuner à côté de leur appareil. En raison des avaries subies par le biplan,
Prestein sollicita le concours de techniciens pour le démonter. L'autorité militaire mit alors à
disposition une équipe de sept mécaniciens du 8
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d'artillerie. Lors de cette opération, pour montrer
derechef la puissance française, trois biplans du centre d'aviation de Nancy évoluèrent sur le lieu
d’atterrissage. L’Albatros fut ensuite chargé sur une fourragère et mené à la gare de Lunéville. Pour
éviter tout incident, d'ailleurs bien improbable, et par courtoisie, les lieutenants furent conduits au
château de Lunéville à l'hôtel de la division de cavalerie, où ils dînèrent et passèrent la nuit dans le
casernement des dragons.
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