Bulletin n° 48 – avril 2014
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Association ‘’Anciens Aérodromes’’
anciens-aerodromes.com
Site Eolys - Aérodrome de Merville -Calonne LFQT
Les sites de tirs
Voyons maintenant les sites de tir qui sont, quand même, la raison d’être du CIEES :
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Le plus proche de la base, au nord de celle-ci, est celui d’Itmar el Srir, utilisé pour
expérimenter les engins-cibles CT.10 et CT.20.
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Plus au nord, à une trentaine de kilomètres, voici Bou Hamama, réservé plus spécialement au
701ème GAG.
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Il existe un autre pas de tir peu utilisé, car tout près de la base, pour les CT.41.
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Mais de loin le plus important, surtout du fait de sa situation en pleine zone désertique, est le
site d’Hammaguir (HMG) permettant les tirs d’engins plus puissants et plus sophistiqués.
Toutes les grandes firmes aéronautiques y sont représentées : Nord Aviation, Sud Aviation,
Matra, ONERA, ainsi que la Direction d’Etudes et Fabrication d’Armements (DEFA). De là,
partiront avec plus ou moins de succès des engins variés : Parca, Vega, Véronique, …seule
cette dernière fusée aura un réel succès.
Travail et distractions à Béchar
Revenons à Colomb-Béchar, où une fois expédiées toutes les formalités administratives relatives à
tout nouvel arrivant, et pourvu du badge donnant accès à tous les lieux « Top Secret » des sites de
tir, je m’intègre à une équipe de mécanos-fil. J’y mène la vie routinière du sergent moyen,
entrecoupée de quelques péripéties...
Affecté tout d’abord au répétiteur téléphonique d’Itmar, je suis aux premières loges pour assister
aux lancements des CT.1 10. Cet engin dérivé du V.1 allemand quittait sa rampe de tir avec un bruit
caractéristique de motocyclette enrhumée. Par ailleurs il fonctionnait à merveille. Le CT.20, dont je
vois aussi plusieurs départs, possède une ligne autrement plus élégante, et il est plus rapide que le
CT.10. Entré en service en 1957, le CT.20 se récupère par parachute, sans casse pratiquement, ce
qui permet de le remettre en œuvre rapidement. Je crois me souvenir qu’il y eut une version plus
sophistiquée nommée R.20, mais sans être formel. (NDLR : tout à fait exact. Il a aussi existé une
version SM.20 pour la Marine et un dérivé SAAB 08A de lutte anti-navire).
Juillet et Août étant les périodes creuses pour les tirs, nous en profitons pour aller récupérer les
kilomètres de câbles de téléphone et de télécommande éparpillés sur tout le périmètre des
champs de tir, montés sur un Dodge 4x4 équipé d’une dérouleuse-enrouleuse à moteur.
Un certain jour, alors que nous étions à Bou Hamama, notre patron sergent-chef (ayant sans doute
une indigestion de filasse) nous dit : « campo pour aujourd’hui les mecs, que penseriez-vous d’une
petite virée du genre chasse à la gazelle ? ». Cette question ! Alors là, pas de fainéants, on se vire
vite fait la dérouleuse du bahut et on va se faire prêter un fusil MAS.36 chez les biffins du poste de
garde. Signalons tout de même qu’à part nous quatre mécanos et les deux soldats du poste, il n’y a
personne d’autre sur le site. Et hop ! C’est parti, direction la zone interdite au nord, car où pourrait-il
y avoir des gazelles autrement que là ? Il faut savoir que cette partie de territoire courant entre la
frontière marocaine aux limites imprécises et la falaise bordant le champ de tir au nord de Bou
Hamama était interdite à toute circulation, et qu'ordre était donné aux appareils de
reconnaissance de tirer à vue sur tout mouvement insolite. Dans notre Dodge, on s’est mis à l’aise
torse nu, en short, pantalon de treillis ou en slip, la casquette mécano vissée sur le crâne, pare-brise
baissé pour une fraicheur toute relative. Le tireur est installé à cheval sur la roue de secours, côté
conducteur, les autres « chouffent » tous azimuts. Plein pot sur le reg, on traque le bestiau. Soudain,
une ombre saute notre 4x4, suivie d’un bruit rageur de moteur … !!! Qu’ès aco ? Deux T.6 viennent
de nous survoler, au ras du nez, et se regroupent devant nous pour un second passage. Ah les c…,
ils nous ont foutu la trouille ! On arrête le véhicule et dès qu’ils parviennent à notre hauteur, on leur
fait de grands gestes d’amitié. On reprend illico le chemin de la civilisation et Bou Hamama est
atteint en un temps record.
On se remet en tenue, presto, et ensuite retour sur le mess sous-off de Colomb-Béchar, car il est plus
de midi. On n’a pas revu les avions, et nous espérons qu’ils n’auront pas contacté les OPS par radio,
sinon « le bonjour d’Alfred…» à l’arrivée. Il faut dire que, vu d’en haut, un camion vert couvert de
poussière, occupé par quatre gusses aussi crades, avec des gueules de boucaniers, ça pouvait