Association ‘’Anciens Aérodromes’’
Site Eolys- Aérodrome de Merville-Calonne LFQT
Rue de l’Epinette, 62136 LESTREM-France
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Un concepteur de génie, Eugène Freyssinet
Eugène Freyssinet (1879 – 1962), polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées, est
d’abord connu pour ses réalisations d’ouvrages d’art et ses travaux novateurs dans le
domaine du béton précontraint. Mais les débuts de sa carrière seront marqués par des
projets plus divers où il fait preuve d’une passion sans fin pour le béton armé, matériau
encore peu connu en 1914 sauf de certains spécialistes comme les « bétons
Hennebique ». Capitaine du génie au début 1914, Freyssinet sera finalement mis à
disposition de la maison Mercier à Moulins, société de travaux dans laquelle qui il avait
débuté avant-guerre. Il y travaille en compagnie de Claude Limousin, camarade de
promotion à l’école des Ponts, puis au sein de l’entreprise Limousin issue de la séparation
de C. Limousin avec la maison Mercier en 1916.
La période 1914-1918 fut riche de réalisations diverses liées aux reconstructions ou à l’effort de guerre (usines,
dépôts, hangars de chargement…). Le manque d’acier durant la guerre va permettre de mettre en avant les
structures en béton, Freyssinet se « trouva dans son élément : construire à chaque fois quelque chose de différent,
inventer à chaque fois, imaginer de nouveaux systèmes, de nouveaux procédés, accumuler les expériences, les
perfectionner, appliquer le béton en toute occasion, depuis une nef industrielle jusqu’à une barque, en passant par
un affût de canon. » (extrait du livre de J.A. Fernandez Ordonez).
Après la construction des hangars d’Avord, Freyssinet construira une série plus importante de hangars du même
type sur la base d’Istres ainsi qu’un exemplaire unique de hangar triple de près de 120 m de portée sur la base de
Villacoublay en 1919. Fort de cette expérience, Freyssinet poursuivra ses réflexions autour des structures en béton
en concevant de nouvelles structures de hangars aéronautiques tout au long des années 20 (Villacoublay, Orly,
Berre, le Palyvestre,…). A la fin des années 20, il tourne la page « aéronautique » pour se consacrer définitivement
au développement du béton précontraint avec le succès qu’on lui connaît.
Caractéristiques dimensionnelles et structurelles
Les dimensions du hangar d’Avord sont les suivantes : 60 m de longueur, 46 m de largeur à la base de la voûte et
un peu plus de 11 m sous voûte. Le Lieutenant-Colonel Espitallier, dans son cours de béton armé, classe ces
hangars dans la catégorie des hangars en voûte à culée perdue. A la différence des hangars pour lesquels la
charpente et la couverture sont constitués de deux éléments distincts, Freyssinet conçoit une structure plus
« avantageuse » en forme de voûte en « berceau complet en ciment armé, raidi par des arcs-nervures ». Pour les
arcs-nervures, Freyssinet préfère encastrer les arcs au sol sur des culées plutôt qu’un arc à 3 rotules, comme le
hangar à dirigeable d’Ecausseville de l’ingénieur Lossier à la même époque. Les arcs-nervures, situés sur
l’extrados de la voûte, sont espacés de 3,91 m et des hourdis d’épaisseur variable, 9 cm à la clef de voûte jusqu’à
30 cm au niveau des culées constituent le remplissage entre les arcs. Le coffrage a été réalisé en deux temps : les
voûtes sont réalisées en premier à l'aide de coffrage de surface unie, puis de petits coffrages permettent de
réaliser les nervures de façon répétitive.
Eugène Freyssinet
A gauche, vue du demi-pignon accueillant la porte (version Istres). A droite, coupe et ferraillage d’un arc-nervure au droit d’une culée.
Source : extrait du cours de béton armé de M.G Espitallier